L’histoire en direct – Le S.T.O.
Rediffusion le 16 février 2023 de l’émission du 6 décembre 1993 de L’histoire en direct – Le S.T.O. : Service du Travail Obligatoire.
A réécouter sur le site de France culture >>
Présentation de l’émission
Privé d’ouvriers et de paysans enrôlés dans une guerre totale depuis 1939, le régime nazi embauche plus de dix millions de travailleurs dans les pays qu’il occupe, en échange de prisonniers. En 1993, cinq anciens du STO dont le dessinateur François Cavanna racontent leur départ pour l’ Allemagne.
Avec François Cavanna, dessinateur et écrivain et Jean-Pierre Rioux, historien.
Dans le cadre du Service du Travail Obligatoire, le STO instauré le 16 février 1943, 600.000 travailleurs français partent en Allemagne contraints et forcés, après l’échec de la Relève mise en place par Pierre Laval en juin 1942 qui s’engageait à libérer un prisonnier en échange de trois ouvriers. Malgré les efforts de la propagande, la Relève a échoué. En septembre 1942, sur 150 000 volontaires prévus, 17 000 seulement sont partis.
Le 4 septembre, Pierre Laval fait voter une loi autorisant “le gouvernement français à contraindre les hommes de 18 à 50 ans à effectuer tout travail que le gouvernement de Vichy trouvera utile dans l’intérêt supérieur de la Nation.”
Les travailleurs sont recensés. La chasse aux chômeurs et les premières réquisitions de main-d’oeuvre commencent. L’Allemagne a besoin de travailleurs pour faire marcher ses industries désertées par les ouvriers partis sur le front de l’Est ; et elle réclame sans cesse de nouveaux contingents d’hommes : 250.000 en 1942 et un million au début de 1944.
Slogan du régime de Vichy : “Ils donnent leur sang, donnez votre travail pour sauver l’Allemagne du bolchévisme”
Mais à cette date, malgré la collaboration de l’administration Française et le zèle des dirigeants de Vichy, le nombre des réfractaires au STO est considérable. Ils fourniront les rangs de la Résistance. Cinq anciens du STO dont le dessinateur François Cavanna nous font revivre leur départ et leur condition de vie en Allemagne qui n’ont rien à voir avec les promesses de la propagande et vont s’aggraver au fur et à mesure que la guerre se prolonge.
François Cavanna : J’avais 19 ans. On s’est retrouvés comme des cons sur le carreau de la gare de l’Est, assis par terre (…) On ne savait pas où on allait. Jamais les Allemands ne se sont montrés. A peine montés dans le train, on a commencé à comprendre. Des types de la milice, d’autres en imperméable, des flics peut-être, se sont mis avec des pots de peinture blanche à barbouiller les trains : “Vive la Relève ! Vive Pétain !”
Sélectionnés comme des esclaves sur un marché, traités comme des bêtes de somme, ces travailleurs requis passent l’essentiel de leur vie entre les baraquements insalubres de leurs camps et les entreprises allemandes où ils travaillent de 60 à 80 heures par semaine. Depuis leur retour en 1945, ils souffrent de se voir refuser le titre de déportés du travail.