Biographie
Bernard Mazille était un jeune parisien replié à Blois durant la guerre chez son grand-père blésois domicilié rue de la Quinière, près du camp des allées à l’orée de la forêt de Blois.
En 1939, il fréquente les cours complémentaires de l’école Victor Hugo, puis en 1942, il est reçu au concours d’entrée de l’école d’apprentissage d’Air Équipement Blois dont il fut le premier des élèves. Il obtient son C.A.P. de tourneur ajusteur très jeune.
Il adhéra au groupe des auberges de jeunesse de Blois (couverture du groupe France-Liberté dirigé par André Maillet qui devait mourir à Monthausen). Suite aux exécutions de jeunes otages de 1942, les arrestations de 1943 dont celle de « Polyte » (André Maillet) et l’évasion par l’Espagne de Robert Audeau, dirigeant Ajiste Départemental, les jeunes se regroupent au F.P.J., puis aux F.U.J.P. (Forces Françaises de la Jeunesse Patriotique). [Auguste Michel « Fito » est le responsable des étudiants, Pierre Perry « Dominique » responsable du scout catholique est le chef du détachement, Raymond Casas « Michel » est responsable des jeunes ouvriers.
Les manifestations et grèves du 11 novembre 1943 rendent la fusion définitive. Ce seras Bernard Mazille qui hissera dans la charpente métallique de l’usine en arrêt, le drapeau tricolore confectionné par les ouvriers, tout cela sous les « vivats » de centaines de travailleurs.
Ce mouvement motivera l’intervention de Bauer, le chef de la Gestapo de Blois accompagné de ses sbires. Les employés formèrent, tout comme à l’usine Bronzavia, une haie dans l’allée centrale de l’usine en chantant la Marseillaise sans fausses notes. Les cadres seront arrêtés et gardés en otage à la villa du Cavalier, siège de la Gestapo. Auguste Lebon accompagné d’une délégation, négociera la libération des cadres avec le directeur allemand de tutelle (Reprise du travail contre libération).
Durant ce temps, Mazille et ses camarades franchirent le mur du cimetière de la ville pour fleurir les tombes d’aviateurs alliés inhumés provisoirement.
Le 12 Août 1944, le groupe «FTP-Fito» est caché chez Bernard Mazille Rue de la Quinière avec pour mission de guider les premiers avant-garde U.S. qui ont atteint Herbault et se présentent au camp des allées. Contraints de se replier sous la pression de l’artillerie allemande tirée de la rive gauche de la Loire, les G.I. rejoignirent leur base avancée de Herbault guidé par Bernard au milieu de ce périmètre allemand cerné de barbelés et de mines Anti Personnel et déjà bombardé par l’aviation alliée.
Le 14 Août lors de d’une nouvelle tentative de reconnaissance. Au débouché de la forêt de Blois au carrefour « Valentine-de-Milan », la traction FFI est prise sous le feu allemand, le lieutenant Cassin à l’épaule brisée, Mazille qui riposte avec sa Sten par la portière arrière droite, reçoit deux balles de fusil mitrailleur, une au poumon et l’autre au foie. Il décédera quelques heures plus tard à la mairie d’Herbault. Il était dans sa 17éme année.
Son dernier message à son camarade Raymond Casas sera de lui demander d’être gentil avec ses vieux.
Ignorant le sort de son fils, le père de Bernard, se battait pour la libération de Paris.
Bernard Mazille est inhumé le 16 Août 1944 à Vendôme, le jour de la libération de Blois. C’est la première fois qu’il pouvait être rendu les hommages au grand jour à un héros de l’ombre.
Mr Leopld Combet, directeur d’Air Équipement Blois dira lors de son éloge funèbre :
« Vous avez perdu un camarade, mais l’industrie aéronautique a perdu ce 14 Août 1944 un futur technicien de grande valeur.
Une rue de Blois porte son nom.
Source : Note manuscrite de Raymond Casas