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Gilbert Aubry

GILBERT_AUBRY

N.N. 98.975.

Gilbert Aubry est né à Chémery (Loir et cher), le 02 Novembre 1925 dans une famille ouvrière.
Élève à l’école primaire de Bas-rivière ( Blois), puis de Ronceraie (Blois), il poursuit une formation de serrurier et de mécanicien.
Dès l’été 1940 avec son ami d’enfance Raymond Casas, il récupère au bord de Loire des armes abandonnées par l’armée française, et aussi, une motocyclette en état de marche, qui au printemps 1944 sera attribuée à Eric de Sparre, l’agent de liaison du front national de la résistance.
Apprenti serrurier émérite, il exerça tous ses talents au forçage des portes des administrations, remplissant, à la stupéfaction des responsables FTP, une remorque complète de machines à écrire, Ronéo et papier. Ce précieux matériel permit l’édition de nombreux documents dont le journal Le Patriote.
Le 12 Septembre 1943, en toute complicité avec son ami Raymond, il incendia les baraquements allemands du champ de tir de Bas-Rivière.
En Février 1944 surpris dans une rafle allemande, il est requis pour le STO. Refusant de se soumettre, avec l’aide de ses amis des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (F.U.J.P.) il se réfugie en Sologne à la Ferté-Imbault.
Jusqu’à son accident, Gilbert utilisera le train avec des faux papiers, et fera la navette entre Sologne et Paris, convoyant les journaux clandestins.

 Le 2 mars 1944, Blessé au ventre accidentellement par le jeune André Rohmer qui manipulait son pistolet 7,65, il fut sauvé par le docteur Brun à la clinique de Blois. Sous surveillance de la gestapo, malgré la connivence du personnel soignant pour son évasion, Gilbert refusa de partir dans une planque, pour épargner ses parents qui auraient été déportés à sa place.
Le 04 avril 1944, il est transféré à la prison de Blois, ou il fut voisin de cellule de Maurice Caillard et de Robert Augé. Plusieurs gardiens français furent alors plus odieux envers Gilbert que les tourmenteurs nazis. Dans l’horreur qu’il avait endurée, la trahison française était la blessure la plus douloureuse qu’il eût subie. Elle ne se cicatrisera Ja­mais. Gilbert sut rapidement que le fascisme n’était pas une maladie allemande exclusive.
Le 28 juillet 1944, ce fut le départ vers Fresnes et le camp du Struthof-Natzwiller dans les Vosges d’où les détenus ne sortaient que par la cheminée du crématoire.
Le quatre septembre 1944, dans les jours où Blois se libérait, ce fut le transfert vers Dachau ou il revit pour la dernière fois, Gérard Dubois, Pierre Terry et Raymond Barbier. Tous ses compagnons, Raymond Barbier, (Etienne), Gérard Dubois, Pierre Terry, René Marchand, moururent à Dachau ou en transport. L’équipe d’André Maillet, (Polyte), Jacques Juteau, Bachelier et Violleau, fut dispersée et mourut à Mauthausen, Gusen, Dora et Weimar. Il se trouva que, contrairement à toute logique, Gilbert, le seul blessé grave de cette charrette sinistre, fut l’un des deux survi­vants.

De retour à Blois le 16 mai 1945 trainant avec lui les suites d’une occlusion intesti­nale, une appendicite infec­tieuse, une pleurésie double et le typhus contractés à Dachau. Gilbert vécut pendant huit mois l’horreur au quoti­dien. Jamais, même par bribes, il ne pourra termi­ner auprès de ses amis, la narration complète de son martyr. En 1964, il accepte d’écrire son récit pour le livre « La Résistance en Loir et Cher ». (pages 360 à 369).

Jusqu’à sa retraite, il assuma la responsabilité au service maintenance de la ville de Blois.
Accablé de souffrances physiques et mentales, il mit fin à ses jours le 24 Avril 1994, le jour même de la cérémonie du souvenir de la déportation, célébrant le cinquantième anniversaire.

Lors de son éloge funèbre George Larcade, ancien Maire de Saint Gervais la Forêt, Président de la FNIRP, (section Loir & Cher), dira :

« Gilbert, un ami, un volontaire de la liberté d’une droiture exceptionnelle, d’une honnêteté sans faille, un homme juste d’un immense courage et d’un dévouement à toute épreuve avec une tendresse infinie pour sa femme, ses enfants et petits-enfants. Je n’ai jamais connu un homme d’aussi grandes qualités et si peu de défauts. »

Une rue de Saint-Gervais-la-Forêt porte le nom de Gilbert Aubry.

 

Bibliographie

Aubry Martine, Notre Papa

Gilbert Aubry
Gilbert Aubry
Déportés

La photo de Gilbert Aubry avec ses camarades présentée par sa fille, Martine Aubry-Rigny