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Gilbert Navard

GILBERT-NAVARD

Gilbert André Gaston Navard.

Né à Vineuil (Loir-et-Cher) le 18 Août 1910 dans une famille d’agriculteurs pauvres et laïques, Gilbert devient orphelin à l’été 1926, à la suite du décès de ses parents (Paul et Yvonne née Brillault), tous deux atteints de tuberculose.

Le jeune garçon et son frère Lucien âgé de 14 ans, sont recueillis par leur oncle paternel Baptiste Navard et son épouse Gabrielle Pitancier. Gilbert participe aux travaux à la ferme et dans le voisinage. Ses parents adoptifs le décrivent comme un garçon travailleur, actif, et silencieux. « Il s’engageait avec détermination dans toutes les actions qu’il menait ». Passionné de mécanique, il dévorait les manuels techniques et les livres scientifiques.

Il veut s’engager dans l’armée, mais cela lui est refusé, en raison d’une santé délicate en lien avec la tuberculose de ses parents. Il en gardera toujours le projet, c’est une des clés de son combat de résistant, ses amis et son épouse ont affirmé qu’il voulait s’enrôler officiellement après la guerre.

En 1935, à l’aube de ses 25 ans, Gilbert rejoint son frère Lucien à l’UNEC, l’ancienne organisation de l’EDF, pour l’installation de l’électricité dans les fermes et foyers ruraux. Sous l’occupation, ce statut lui permettra d’obtenir des « laisser-passer », facilitant ses déplacements de résistant.

Gilbert se marie en 1937 avec Yvonne GARRAULT originaire de Mondoubleau. Ils habitent alors à Onzain. En Février 1939, naît Jean-Claude leur 1er enfant.
Après la « drôle de guerre », son frère Lucien, rappelé, est fait prisonnier par les Allemands. 

Il s’engage sous les ordres de son ami Charles DIARD, dans la 2éme Compagnie commandée par le commandant JUDES du1er Bataillon des FFI du Loir-et-Cher. Le 1er Août 1944, Gilbert est nommé Aspirant par décision du Lieutenant-Colonel Valin, chef des FFI du Loir-et-Cher.

Gilbert se fera remarquer pour son action militaire lors des combats du 14 et 15 Août 1944, qui lui vaudra une citation à l’ordre de l’armée :

« Chef de section FFI, d’une bravoure à toute épreuve, allant jusqu’à la témérité, a, au cours de la journée du 14 août, pris part à deux opérations. Revenant d’accomplir une action couronnée de succès à Veuves, a appris que l’Ennemi avait franchi la Loire à Chouzy. A pris la direction de l’opération, a surpris une formation ennemie d’une quinzaine d’hommes, et l’a entièrement détruite. A assuré le repli de ses hommes, sans subir de pertes.

 Le général Delmas, commandant de la 5éme région militaire confirmera cet héroïsme le 24 décembre 1944 avec deux citations :

– À l’ordre du régiment, citation avec Croix de guerre étoile de bronze :

« Aspirant FFI plein d’allant et d’ardeur, dévoué à la cause de la Résistance, toujours prêt au sacrifice de sa vie, a au cours d’attaques et d’opérations continuelles de nuit du 5 au 10 aout, entravé considérablement le ravitaillement en munitions de l’ennemi ».

 – À l’ordre de la division, citation avec Croix de guerre étoile d’argent :

« Chef de section FFI d’une bravoure poussée jusqu’à la témérité. Au cours de la journée du14 Août 1944 pris part à deux opérations. Revenant d’accomplir une action couronnée de succès à Veuves, et apprenant que l’ennemi avait franchi la Loire à Chouzy, s’est porté à sa rencontre, a surpris une formation ennemie d’une quinzaine d’hommes et l’a entièrement détruite ».

 Le dimanche 20 août 1944, tandis que les combats font rage à Paris, les Allemands tentent à nouveau de franchir la Loire au niveau de Chouzy. Les groupes  FFI de Blois, Chouzy et Onzain sont engagés. Au niveau des Grouets, à l’entrée ouest de Blois, traversant à découvert le coteau de la rive droite de la Loire, pour décrocher un drapeau français qui attisait les tirs allemands, Gilbert est foudroyé par une rafale ennemie. Un récit émouvant en est fait par Raymond Casas 60 années après .

De son union en 1937 avec Yvonne Garrault, Jean-Claude est né en février 1939 et Françoise, en février 1945, 6 mois  après sa mort. Son épouse, femme volontaire et discrète, complice de son mari résistant, élèvera seule ses deux enfants, développant à Onzain pendant 20 années le commerce de Presse qui lui avait  été alors proposé. Ce n’est que bien plus tard, en 1985,  qu’elle obtiendra le statut de résistante, sur témoignage de Charles Diard.

« Je certifie que Mme Veuve G. Navard demeurant pendant la guerre à Onzain, a appartenu à la résistance avec son mari Gilbert Navard aspirant FFI tué au cours d’un engagement le 20 août 1944 et qui a donné son nom à une rue d’Onzain. Adhérente au groupe d’Onzain dès 1943, elle a entreposé des armes, recueilli, logé et nourri des résistants et des réfractaires au travail obligatoire que lui amenait Gilbert Navard par l’intermédiaire de résistants de son secteur. Elle appartenait au groupe de résistance d’Onzain dirigé par Auguste Poncin, également chef du groupe Vengeance, base de ce groupe local ». Onzain le 15 janvier 1985

 [Charles DIARD, chevalier de la légion d’honneur, croix de guerre, médaille des évadés, officier Académie, chevalier Mérite Social, médaille des sports, maire d’Onzain 1945-65, Capitaine honoraire, Capitaine FFI ayant commandé la 2ème Cie  Loir et Cher Nord, homologué par commission nationale des cadres FFI : N° 14/52 ]

Bibliographie

Casas Raymond et Jardel Lucien, La Résistance en Loir-et-Cher, Librairie de la Loire, Blois, 1964

 

Documents

• 60éme anniversaire de la mort de Gilbert Navard. Récit de Raymond Casas.
• Certificat d’appartenance aux FFI, Etat nominatif des cadres FFI, 2éme compagnie.
• Citations.
• Etats des opérations FFI sur le secteur de Onzain.

Mouvements des opérations - Secteur de Onzain de Juin à Aout 1944.

Publié par le journal La Nouvelle République du Loir-et-Cher, le 22/03/2012 à 05:36 | Mis à jour le 02/06/2017 à 00:28